Béjaia, à l’instar des autres villes d’Afrique du nord, possède un patrimoine historique important. Elle fut un phare et un havre d’accueil pour les embarcations qui, au fil du temps, ont accosté sur ses rivages. Sa position et son immense baie au milieu du bassin occidental de la Méditerranée, auxquelles il faut ajouter la présence d’une rivière générant des cultures vivrières, furent des atouts sérieux pour son développement. Cette double position a caractérisé la ville depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours et a déterminé son avenir. Le cordon ombilical que constitue la vallée de la Soummam l’a de tout temps irriguée en lui fournissant les produits de l’arrière-pays. Mais indéniable fut le génie de l’homme qui a été déterminant dans la création de l’agglomération. Au moment où le géographe andalou Al-Bakri termine son livre sur la description de l’Afrique en signalant le petit port de Béjaia, fréquenté par des marins andalous, la ville recevait un nouvel acte de naissance qui allait faire d’elle une capitale de niveau régional. La ville développe alors toutes les activités inhérentes à une grande métropole : pôle politique important abritant deux dynasties (la hammadite et la hafside) et qui se reflète dans le domaine de l’architecture par la construction de remparts imposants et de forteresses ainsi que de nombreux édifices et jardins palatiaux. Port marchand de la Méditerranée, la ville était dotée d’un grand arsenal pour la construction d’une marine marchande et d’une flotte de guerre. Des bateaux de plusieurs pays y accostaient pour décharger leurs produits. Centre intellectuel et religieux au niveau maghrébin et méditerranéen, la ville était dotée de collèges et formait dans toutes les disciplines des savants qui, par la suite, allaient dispenser leur savoir dans les grandes métropoles : Tlemcen, Tunis, Fès, Cordoue, Grenade, Murcie, Pise, Le Caire, Damas…